Informations
Responsable(s) de cet entretien :
Peter Stockinger - PU (INALCO et ESCoM-FMSH, Paris, France)
Date et lieu de l'entretien : Vendredi 19 juillet 2002 - Fondation Maison des Sciences de l'Homme, 54 bld Raspail, 75006 Paris, France
Contact : contact-aar@msh-paris.fr
Réalisation : Charles Biljetina (ESCoM-FMSH, Paris, France) , Muriel CHEMOUNY (ESCoM-AAR,FMSH, Paris, France)
Thème(s) : Histoire des sciences et des techniques -- Sociologie de la connaissance -- Sociologie des idées -- Sociologie des sciences -- Philosophie des sciences
Langue(s) :
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Présentation
Dominique PESTRE expose, dans ces deux entretiens consécutifs, en premier lieu son parcours intellectuel marqué par la volonté de ne jamais séparer analyse et production de savoir. Issu d’un milieu ouvrier dont il revendique l’appartenance, il n’a cessé de prendre en considération tout au long de sa vie les préoccupations et les souffrances de ce milieu. Son travail d’autodidacte, avant sa thèse de doctorat, se transforme après l’obtention de ce diplôme quand il accède au CNRS, ce qui marque son entrée dans le milieu intellectuel. Sa double appartenance aux deux mondes, ouvrier et intellectuel, se traduit par une tension qu’il qualifie de schizophrénique mais en même temps très productive. Les questions relatives à la science, aux techno sciences, aux sciences citoyennes sont motivées - précise le chercheur - par son attachement à son milieu d’origine et aux difficultés de ce dernier. Dominique Pestre met en relief la période des années 1980 où son séjour aux Etats-Unis le marque comme « bon universitaire de type anglo-américain ». Il aborde les moments historiques clés de basculement des années 1970 et 1980 dans la culture intellectuelle et le contenu des débats au sein des Sciences humaines et sociales : qu’est-ce qu’expliquer, comprendre ? Quelle est la nature de l’objet ? Comment faut-il le regarder, etc. ? Les anciennes catégories sont discutées, le regard porté sur les énoncés de la science renversé. Et la conception de la science des années 1960 - dont la physique, représentant la scientificité même, est l’étendard -, est remise en cause en tant que pilier de l’autorité en ce qui concerne les normes, les valeurs. C’est cette critique portée notamment par les Social Studies of Science que Dominique Pestre présente en détail, ainsi que les autres débats et controverses autour de la question et leur réception multiple dans le milieu scientifique de l’époque. Les pratiques de science ne sont pas pur savoir. Elles sont en permanence éminemment matérielles et sociales, et reconfigurent le social, le politique, l’industriel, le technique, etc. Le développement de la techno science participe de cette constatation. Dominique Pestre en analyse les particularités. Par ailleurs, il présente conjointement ses activités comme directeur du centre de recherche en histoire des sciences et des techniques de la Villette au début des années 1990, ainsi que les perspectives actuelles de formations, et l'émergence possible de nouvelles professions. Dominique PESTRE est directeur d’études à l’EHESS et directeur du Centre Alexandre Koyré. Il a fait une grande part de sa carrière au CNRS et a enseigné dans de nombreuses universités étrangères. Il a travaillé sur l’histoire de la physique depuis la fin du XIXe siècle, notamment sur la France, la physique des hautes énergies, la physique de la guerre froide et le rapport entre science et militaires. Il a publié de nombreux ouvrages sur l’historiographie des sciences et des techniques, sur les débats autour des sciences dans le social, ainsi que sur les transformations des modes de production des savoirs depuis trois décennies. |