Altan Gökalp nous explique les particularité de l'immigration turque : "Si vous regardez l'Europe du haut d'un satellite, il y a ce qu'on appelle la banane bleue. C'est une zone de lumière la nuit, qui va d'Edimbourg, passe par la Hollande, la Belgique, l'Allemagne, qui couvre un peu l'est de la France et qui descend sur Milan. Les immigrés turcs sont localisés dans cette banane. Il existe une diaspora turque de 5 millions de personnes.
Cinq millions d'habitants, c'est une présence démographique, mais aussi économique, politique importante. Par exemple, en Allemagne le chiffre d'affaires de l'industrie de döner est plus important que celui de Macdonald. L'économie des immigrés turcs représente une puissance économique. Il ne s'agit pas des turcs de France, de Belgique, d'Allemagne, mais des turcs de la banane, c'est-à-dire de gens représentés à l'intérieur d'un territoire qui est transnational. C'est un phénomène que nous avons découvert il y a environ six ans. Pour comprendre ce qu'il se passe dans les phénomènes sociopolitiques, religieux, économiques, il faut prendre en compte la diaspora entière dans sa dimension transnationale. C'est l'un des domaines de recherche des études turques d'aujourd'hui. En Allemagne, les études turques sont développé d'une manière très différente qu'en France où elles sont caractérisées par une forte concentration à Paris, sinon à Strasbourg et un peu en Aix-en-Provence. Et puis, il y a un dernier facteur qui explique l'expansion des études turques, c'est le problème de la Turquie et de l'Europe, problème qui n'est pas tout à fait récent.